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Carnet noirLe Tessin choqué après la mort de Giuliano Bignasca

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Giuliano Bignasca  en 1993
Samedi 9 mars 2013, jour de l'enterrement de Giuliano Bignasca, la tristesse régnait devant le siège de la Lega à Lugano, d'où la procession funéraire a débuté.
Le cercueil du défunt leader du parti a été transporté du siège de la Lega au cimetière municipal.

Le politicien est décédé à son domicile dans la nuit de mercredi à jeudi. Il avait 67 ans.

Giuliano Bignasca, tailleur de pierre de formation comme il se plaisait lui-même à le dire, dirigeait une entreprise de construction avec son frère aîné Attilio, ancien conseiller national de la Lega.

Giuliano Bignasca s'était distingué pour son mode de vie plutôt agitée, ses accès de colère et ses convictions antieuropéennes viscérales. Il avait siégé au Conseil national durant six mois en 1995 puis avait été réélu pour la législature 1999-2003.

Malaise après une réunion de parti

Au moment de sa mort, le président de la Lega était en pleine campagne électorale en vue du renouvellement de l'Exécutif et du Législatif de Lugano, le 14 avril prochain. Elu au Conseil municipal de sa ville en 2000, brillamment réélu pour les législatures suivantes, il s'était à nouveau porté candidat. Il dirigeait le département du sport et des loisirs.

Il soutenait également la course de «son poulain», le conseiller d'Etat Marco Borradori à la mairie de Lugano. Marco Borradori a annoncé il y a quelques jours sa prochaine démission du gouvernement cantonal.

Au terme d'une réunion de son parti, mercredi soir à Lugano, Giuliano Bignasca a été pris de malaise et conduit à l'hôpital. Après un contrôle de routine, il a regagné son domicile où il a été trouvé sans vie jeudi matin.

«Président à vie»

Co-fondateur en 1990 avec Flavio Maspoli décédé en 2007, du journal Il Mattino della domenica, Giuliano Bignasca avait constitué la Lega des Tessinois - au départ sur le modèle de la Lega lombarda - en 1991. Il s'était autoproclamé «président à vie». D'abord mouvement populiste de forte opposition, la Lega du «Tessin aux Tessinois», est entrée au gouvernement en 1995 avec le «modéré» Marco Borradori, véritable antithèse du «Nano».

Footballeur professionnel dans ses jeunes années - il a longtemps joué dans les rangs du FC Lugano alors en Ligue A - Giuliano Bignasca laisse un fils, Boris, âgé de 25 ans et rédacteur en chef du journal Il Mattino online. Boris Bignasca pourrait succéder à son père à la tête de la Lega.

Réactions: un souffle nouveau

A Berne, le conseiller national Pierre Rusconi (UDC/TI) se dit triste et ému: «Je perd un ami de longue date et le Tessin perd une immense personnalité. Giuliano Bignasca a apporté un souffle nouveau dans la politique de mon canton et il a permis de faire entendre très fort la voix du Tessin.»

Son remplacement à la tête du parti et l'avenir même de la Lega ne seront pas faciles, admet Pierre Rusconi : «Le fondateur avait un charisme inégalable et il finançait de sa poche une parti du journal Il Mattino, important pour la Lega.»

Fulvio Pelli, ancien président du PLR, voit disparaître «un adversaire de vingt ans. Giuliano Bignasca m'a forcé et il a forcé toute la classe politique tessinoise à repenser les stratégies. L'homme était excessif au-delà du suppo rtable, il faisait souvent preuve d'agressivité, mais cela correspond à une tendance dans la politique actuelle.»

La Lega est aujourd'hui affaiblie, pense Fulvio Pelli : «Difficile de prévoir le futur du mouvement, mais les autres personnalités sont plus faibles.»

Oskar Freysinger: très lourd

«Giuliano Bignasca a eu le courage et le talent de fonder la Lega et de la mener vers le succès, réagit Oskar Freysinger, vice-président de l'UDC suisse. Cela dit, l'homme était coutumier de tous les excès jusqu'à l'extrême, jusqu'à l'autodestruction parfois.»

Le Valaisan n'a lui non plus jamais hésité à attaquer avec véhémence ou à jouer les trublions en politique. «Il y avait une différence fondamentale entre nous, nuance Oskar Freysinger. J'ai toujours attaqué des idées et jamais des personnes. Bignasca pouvait être très lourd et grossier et il le revendiquait.»

«La Lega s'en relèvera, pense Oskar Freysinger, car le parti pèse beaucoup au Tessin. Ils sont les alliés naturels de l'UDC : nous partageons des convictions et il y a des gens raisonnables dans cette formation. Un rapprochement avec l'UDC sera peut-être plus facile sans le leader historique.»

ats/Patrick Chuard